Sophrologie, psychiatrie et limites de compétences

Sophrologie et psychiatrie

Un concept est fortement répandu, celui que la sophrologie est tout à fait à proscrire en cas de schizophrénie.

Voyons ce qu’il en est plus précisément.

La sophrologie est un complément aux thérapies psychiatriques.

Sophrologie, psychiatrie et limites de compétences

Toute personne vécue par une psychose est en partie privée d’une communication adaptée à l’autre. Une psychose s’observe par l’incapacité à vivre de façon différentielle, par l’indistinction du sujet et de l’objet, par l’absence des limites du Moi. Une personne atteinte de schizophrénie peut souffrir de l’angoisse de morcellement, d’expériences de déréalisation, de dépersonnalisation, d’apragmatisme, d’hallucinations, d’anosognosie, de clinophilie, d’incurie, d’aboulie, d’alogie. Peuvent s’ajouter à cela des désordres corporels, des troubles du langage, des éléments délirants, des éléments dissociatifs.

Ces symptômes générèrent des difficultés à coexister avec les autres, à exister pour soi-même.

Si la sophrologie peut être d’un grand soutien dans certains cas précis, il est à noter que dans certaines pathologies, cette méthode sera à proscrire (états délirants aigus, psychopathie, intensité d’un état dissociatif…).

Le sophrologue doit impérativement garder les yeux et la conscience bien ouverts afin de soutenir dans la neutralité là où les personnes ont besoin de son accompagnement.

Le sophrologue doit avant tout  bien se connaître lui-même et respecter ses mimites de compétences. Tous les sophrologues n’ont pas la même compétence.

Le travail sur soi est une des conditions primordiales pour pouvoir assurer en toute sécurité le soutien à l’autre et il y a malheureusement beaucoup trop de sophrologues qui n’ont pas suffisamment travaillé sur eux. Cela demande du temps et un accompagnement adéquate de la part de son école.

Il n’est pas possible de transmettre une méthode qui n’a pas été parfaitement intégrée et vécue et ne faisant pas partie du quotidien de la personne qui le pratique.

Il y a une différence importante entre faire de la sophrologie et être sophrologue.

Concernant la psychiatrie

Il s’agit de garder en pleine conscience l’existence des phénomènes transférentiels et contre-transférentiels inhérents à toute pratique soignante.

La relaxation dynamique du premier degré (RD1), associée à certaines techniques de présentification et de futurisation, active de façon positive la dynamique psychocorporelle. Elle participe ainsi à développer et à renforcer la conscience du schéma corporel de l’individu traité.

La sophrologie permet de créer et de restaurer du lien, la capacité d’échange et de relationnel. Elle aide à retrouver le sentiment de soi, à retisser la sensation d’exister et d’être. L’expérimentation du Moi corporel conduit la personne sur le chemin de sa propre identité.

Notre corps nous rattache au réel, à ce qui est vraiment. Ainsi se restructurer à partir du corps rend possible la rencontre avec soi-même.

Les caractéristiques développées dans le déroulement d’une séance vont agir sur les limites du Moi ou sur les limites de morceaux du Moi : intégration du schéma corporel, structuration temporelle, notion de rythmes respiratoires et cardiaques et autres rythmes internes, structuration spatiale.

L’état Sophro-liminal génère un engourdissement de la conscience entraînant un état d’âme fait de calme, de sérénité et de concentration.

C’est la rencontre du corps et de l’esprit enfin réconciliés.

L’écoute Rogérienne est un élément capital de la séance puisqu’elle associe l’empathie, la congruence et une considération neutre et inconditionnelle envers la personne.

Il est nécessaire d’être encore plus à l’écoute dans ce secteur particulier qui est la psychiatrie. L’écoute, s’apprend. C’est même un métier à part entière.

Cette écoute a nécessairement lieu au début comme à la fin de chaque séance et prend en compte l’expérience intime de la personne, l’expression et la verbalisation de ses propres « vivances », le sentiment d’être et celui d’unité dans son identité d’être humain.

Vivre son corps, l’habiter de nouveau est capital mais exprimer son vécu librement consolide positivement le sentiment d’unité psychique qui émerge de chaque échange.

Lorsqu’un sophrologue acquiert les compétences de travailler dans ce domaine, il devra être pourtant être supervisé de façon régulière par le, ou la psychologue en charge de la personne traitée.

La sophrologie est-elle tout à fait à proscrire en cas de schizophrénie ?

Cela dépend de la compétence du sophrologue, de sa responsabilité, de sa conscience et de la richesse intérieure qu’il a la faculté de manifester ou non. (voir article plus haut sur la richesse intérieure).

Auteur Isabelle Métais sophrologue

Formations-bien-etre.com

11 avr. 2021